Le projet a pour objectif de mettre en réseau des institutions africaines et européennes afin d’étudier la gouvernance sécuritaire, sanitaire et environnementale en Afrique musulmane du Nord et de l’Ouest, au niveau des instances de production et d’exécution des normes (organisations internationales et régionales, ONG, ministères, tribunaux), à l’échelle nationale, régionale, bilatérale et multilatérale, à travers une analyse documentaire et ethnographique d’ONG spécialisées dans la réponse à des appels d’offre en matière de gouvernance sécuritaire. Il s’agit d’un projet exploratoire ayant vocation à servir de tremplin à une soumission européenne ultérieure. Son objectif est de rendre opérationnel le réseau des partenaires et d’engager les premières enquêtes de terrain dans le domaine spécifique de la gouvernance sécuritaire, sanitaire et environnementale. Il vise aussi à poser des jalons dans la création d’une revue interdisciplinaire sur l’Afrique.
Le réseau visera à mettre en place une méthodologie commune faite d’une combinaison d’ethnographie institutionnelle, d’analyse praxéologique du langage et des textes, d’étude de l’instrumentation de l’action publique et d’outils propres aux sciences juridiques et managériales critiques. Les ethnographies se concentreront sur l’activité d’ONG développant une partie de leurs activités dans le domaine de la gouvernance sécuritaire, sanitaire et environnementale. La conduite d’enquêtes ethnographiques au sein d’ONG locales et internationales aura pour objectif d’observer les modalités de leurs réponses aux appels d’offre internationaux, de leur soumission de projets, de leur identification des thèmes et domaines porteurs, de l’organisation de leurs activités et de la mise en place de leurs interventions.
Trois questions seront particulièrement étudiées par les groupes de travail du réseau. Premièrement, les modalités de mise en place de ce qu’on peut appeler « réseau dialogique » de la gouvernance sécuritaire, sanitaire et environnementale, c’est-à-dire les connexions par lesquelles normes, standards, indicateurs, modèles et guides sont conçus, transmis, traduits, contestés, appliqués, avec les retours et les reformulations que cela suppose. Deuxièmement, la performativité du langage des normes, standards, indicateurs, modèles et guides, par le biais desquels la représentation d’une problématique (la gouvernance sécuritaire, sanitaire et environnementale) et d’un contexte (l’Afrique musulmane du Nord et de l’Ouest), de même que l’action menée pour intervenir dans le domaine qu’elle définit, sont façonnés de concert et créent en quelque sorte la réalité sur laquelle il convient d’agir. Troisièmement, la capacité de ces indicateurs, modèles, guides, normes et standards à effectivement travailler le réel et à le transformer.
De cette première phase d’un programme ambitieux, on attend le balisage théorique et empirique de la question de la gouvernance sécuritaire, sanitaire et gouvernementale, ainsi que la mise en place d’appuis solides pour un réseau ayant vocation à s’étendre. Le projet est incrémental : il vise un élargissement progressif géographique, thématique et empirique.
Au titre des objectifs du réseau, il faut enfin mentionner deux projets structurels. D’une part, il s’agira de contribuer à la mise en place d’une Maison Africaine des Sciences de l’Homme et de l’Environnement (MASHE) par la création et l’activation d’un réseau, ainsi que par le lancement d’un premier programme de recherche en réseau, avec pour horizon la soumission d’un projet auprès de bailleurs européens et nationaux. D’autre part, il s’agira de poser les fondations d’une revue interdisciplinaire sur l’Afrique, et particulièrement l’Afrique du Nord et de l’Ouest, à l’intersection des sciences de l’homme, de la société, de l’environnement et de la santé.